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L’épuisement professionnel (1) : le diagnostiquer

Plus un épuisement professionnel (ou burn-out) est diagnostiqué tardivement, plus l’arrêt nécessaire pourimages (95) récupérer est long . Il est donc important d’être attentif à certains symptômes, sachant que ces symptômes peuvent être « subtils » et que la personne elle-même peut nier son état.

Qui peut « faire » un épuisement professionnel ?

On considère à l’heure actuelle que toute personne est susceptible d’être victime d’un épuisement burn-out.
Ce constat permet d’abandonner l’explication (trop simpliste) relative à la « fragilité » d’un individu. Un épuisement professionnel, c’est la rencontre d’un individu (ayant certaines caractéristiques), d’un environnement de travail (présentant certains risques) à un moment donné de sa vie professionnelle :

  • Le « portrait-robot » de la victime : une personne pour qui le travail est très important (voire une vocation), pour qui la frontière sphère personnelle/professionnelle n’est pas toujours bien définie (nombreux déplacements, travail apporté à la maison,…), qui a souvent une trajectoire professionnelle ascendante, qui est reconnue comme « sérieux, fiable, efficace » et qui a un schéma « sois fort » (donc qui ne se plaint pas et ressent de la culpabilité, voire de la honte, lors d’un arrêt maladie).
  • Un environnement à risque : de fortes exigences quantitatives (surcharge de travail, pression temporelle), qualitatives (qualité, vigilance) et émotionnelles (être confronté(e) à la douleur, à la peur, à la colère,…) mais aussi des injonctions contradictoires, un sentiment d’insécurité et de mauvaises relations de travail (conflits, manque de soutien, isolement,…).
  • Une période à risque : les prises de responsabilité, les promotions, les retours après une période longue (congé maternité, parental, sabbatique, retour d’expatriation), les réorganisations, et de façon générale, les transitions professionnelles.

Existe-t-il des différences entre les hommes et les femmes ?

Les femmes semblent un peu plus touchées que les hommes, bien qu’il s’agisse peut-être tout simplement d’un biais, dans la mesure où les hommes en parlent moins ouvertement.

Les femmes expriment plus souvent l’épuisement d’un point de vue émotionnel (tristesse, larmes) et « tombent » par petites alertes successives. C’est le système biologique qui parle plus souvent pour les hommes (problèmes cardiovasculaires, fractures) qui, eux, ont tendance à « tomber » de façon brutale et inattendue.

Comment repérer un burnout ?

Voici quelques questions à (se) poser qui peuvent marquer les trois phases typiques et successives d’un épuisement professionnel (épuisement émotionnel, cynisme, diminution de l’accomplissement personnel) :

  • La personne se plaint-elle de manquer d’énergie pour accomplir son travail ? (Indicateur de l’épuisement émotionnel)
  • Fait-elle part de problèmes de concentration, de manque de disponibilité « mentale » au travail ? (Indicateur de l’épuisement émotionnel)
  • Est-elle facilement irritable ? (Indicateur de l’épuisement émotionnel)
  • Exprime-t-elle du dénigrement à propos de son travail ou de son environnement professionnel ? (Indicateur du cynisme au travail)
  • Dévalorise-t-elle le travail qu’elle accomplit, sa propre efficacité et ses compétences ? Manifeste-t-elle des signes inhabituels de désinvestissement, de désengagement professionnel ? (Indicateurs de la diminution de l’accomplissement personnel au travail).

Les premiers signes (alertes) peuvent se situer à différents niveaux :

  • Physique : douleurs (maux de tête, douleurs musculaires, troubles du sommeil, de l’appétit
  • Emotionnel : sensibilité et nervosité accrues, crises de larmes, angoisse, excitation, tristesse
  • Intellectuel/cognitif : perturbation de la concentration (erreurs, oublis, manque du mot), difficulté à penser logiquement, à prendre des décisions, des initiatives,…
  • Comportemental : augmentation de la consommation de café, de tabac, d’alcool, de nourriture…

Deux cas peuvent alors s’observer :

  • Les phases d’alerte ne sont pas repérées ou ressenties par la personne (risque d’autant plus important qu’elle est dans un schéma « sois fort »).
  • La personne a conscience de l’équation : fatigue + diminution de la concentration = diminution de l’efficacité  et va vouloir compenser en faisant plus d’heures, en travaillant chez elle le soir, … : « fausses bonnes idées » qui ne font que renforcer le processus.

Dans les deux cas, le risque est d’aller jusqu’à la décompensation :

  • Décompensation physique: ne pas réussir à se lever un matin (au sens littéral), faire un malaise en pleine rue ou sur son lieu de travail, …
  • Décompensation émotionnelle: parler  tout en pleurant sans même sans rendre compte, attaques de panique pouvant aller jusqu’à l’agoraphobie …
  • Décompensation cognitive: tenir des propos incohérents, s’assoir sur un banc un matin et y passer la journée sans même le réaliser, …
  • Décompensation psychotique : bouffée délirante aigüe, paranoïa, dépression sévère avec idées suicidaires, voire tentatives de suicide.

Que faire une fois le diagnostic de burn-out posé ?

Une fois que la personne a « consommé son capital stress » et entre en phase d’épuisement, il n’y a qu’une seule option : accepter l’arrêt maladie pour dormir et récupérer. L’arrêt ira de quelques semaines à quelques mois (voire un à deux ans) selon le degré d’épuisement. Ce repos ne sera que la première étape de reconstruction qui doit être pensée à la fois au niveau de l’individu mais aussi de l’organisation. Dans tous les cas quelque chose doit changer avant de reprendre le travail : la façon de voir son travail et/ou ses conditions de travail.

Je vous donne rendez-vous pour détailler ces possibilités de changements dans un article à venir prochainement.

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