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un mal croissant : le présentéisme

Le présentéisme recouvre deux notions :presenteisme

–       Le fait de travailler tout en sentant que son état de santé nécessiterait de rester chez soi,

–       Le fait d’être présent physiquement dans l’entreprise, mais en présentant des signes de désengagement.

Plusieurs explications à ce phénomène, accentué en période de crise :

–       L’absentéisme peut être pénalisant (en termes financiers ou en termes d’image), on vient donc au travail même si son état ne le permet pas,

–       la peur en partant plus tôt que les autres d’être mal vu(e), de rater des informations sur l’entreprise (notamment lors de tensions sociales)

S’ajoute à ces explications, une croyance (française) qui est : « rester tard le soir permet de prouver sa valeur et son engagement ».

Quelques chiffres

Au hit-parade pour le présentéisme : les français  (qui travaillent plus que la moyenne des européens) et les japonais.

Même si le présentéisme est plus difficile à repérer que l’absentéisme, une enquête de l’Université de Fribourg estime que 15% des salariés seraient en «démission intérieure ». Environ quatre travailleurs européens sur dix sont allés travailler alors qu’ils étaient malades en 2010, selon l’enquête européenne sur les conditions de travail.

 Les conséquences

Si en France on pense encore que rester tard est un signe d’engagement, Outre-Atlantique les ravages sont connus et quantifiés. Finir tard entraîne de la fatigue, un manque de concentration, une augmentation des erreurs, une diminution de productivité, de la qualité et de la créativité. Une étude américaine datant de 2004, signalait que la productivité d’un salarié pouvait être réduite d’au moins 33%  en raison du présentéisme. Salariés et entreprise seront donc perdants.

–       Des conséquences sur la santé des salariés

Les salariés travaillant plus de onze heures par jour ont plus de risques d’avoir les symptômes suivants :

  • troubles du sommeil,
  • problèmes digestifs,
  • douleurs dans le dos ou la nuque,
  • sentiment de déprime.

De plus, des chercheurs anglais ont montré que les salariés qui font du présentéisme ont deux fois plus de problèmes coronariens sérieux (type infarctus),

–       Un coût financier important pour l’entreprise

Un salarié affaibli ou démotivé s’avère moins concentré sur sa tâche, effectue un travail qui doit parfois être refait, communique mal… Il fait ainsi perdre du temps à ses collègues et, au final, à l’entreprise.

Le coût du présentéisme est estimé, selon les études, entre 2 et 10 fois plus élevé que le coût de l’absentéisme. Il représenterait 50 à 60% des coûts du stress, eux-mêmes estimés à 4000 € par an et par salarié (étude belge du Dr Put/étude canadienne).

Comment lutter contre le présentéisme

Pour lutter contre le présentéisme, luttons contre le stress en améliorant l’hygiène de travail, l’organisation et l’ambiance.

Par ailleurs, rappelons que dans le cadre de l’ANI du 19 Juin 2013 sur la qualité de vie au travail, un article est consacré à l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle (quid de cette articulation quand on rentre après que les enfants soient couchés ? quand on laisse seul à la maison des enfants malades ?).

Pour certaines professions le risque du présentéisme est une évidence : Les pilotes d’avion ont droit à une « clause fatigue » stipulant que «tout membre de l’équipage doit s’abstenir d’exercer ses fonctions dès qu’il  ressent une déficience quelconque de nature à lui faire croire qu’il ne remplit pas les conditions d’aptitudes nécessaires. Plutôt rassurant non ? Alors pourquoi ne pas appliquer ce même principe de précaution à d’autres professions ?

Les dirigeants de la société Maviflex, affichent haut et fort que « le présentéisme n’est pas lié à la performance » et décident de donner le ton en partant à 18h30 le soir et en imposant ces horaires à l’ensemble des salariés.

Un accord d’octobre 2012 de la caisse d’Epargne indique que « le manageur prend toutes les dispositions nécessaires pour que les salariés sous sa responsabilité ne dépassent pas les plages horaires qui s’appliquent à leurs postes ».

 Quelques peuvent être les freins au changement?

Il s’agit de changer une culture où il semble bien vu de « faire de nombreuses heures » ; Changer une culture est toujours long et fastidieux.

On pourrait pourtant se dire qu’un salarié qui reste tard est un salarié lent, qui s’organise mal ou qui a passé du temps à surfer sur internet pendant la journée ; Dans les pays nordiques ou les groupes anglo-saxons, être encore au bureau à 21 heures est ainsi souvent perçu comme une marque d’incompétence.

Au niveau individuel, les « messages contraignants »  peuvent intervenir  :  les « sois fort » et/ou « fais des efforts » auront plus de difficultés à accepter de ne pas travailler quand ils sont malades…. et les « fais plaisir » auront beaucoup de scrupules à reporter leur charge de travail sur leurs collègues en cas d’absence….

 

 

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